Coraline Delorme

« Breath » est une performance mêlant art numérique, musique électronique et pole dance, ayant pour but de mettre en évidence la question de l’interdépendance et de l’émancipation.

L’histoire racontée est celle d’une relation émotionnelle et physique entre la danseuse et sa barre. Quand ces deux corps entrent en contact, un son de respiration apparaît et rythme leur échange. Plus l’artiste la touche, plus le son se répète et le volume varie en fonction de l’intensité du geste.
Ce projet met en évidence la question de l’interdépendance d’une relation : ici entre la danseuse et son objet. Représenter un échange, une bulle dans laquelle sont plongés ces deux corps. C’est dans ce rapport très binaire que le son se rajoute et apparaît lors des interactions entre la danseuse et sa barre. Mettant en avant la question du dialogue avec l’objet plutôt que l’écoute d’un son. L’ordre les chose est ici inversé. Alors que traditionnellement la musique ou le son arrive en premier et guide le mouvement, ici, c’est le son qui est dépendant des actions du corps et varie en fonction des choix de celui-ci.
Les gestes réalisés sur la barre ne sont pas de gestes « érotisant » ou attendus, mais plutôt des mouvements mettant en avant des procédés d’improvisation de la danse contact. Développée par Steven Paxton, cette danse met en évidence la notion d’interdépendance en expérimentant le saut, la chute et la collision.
Le détournement de la discipline de la pole dance fait ressortir les préjugés qui vont immédiatement se coller sur le corps qui la pratique, allant parfois jusqu’à placer le corps dansant au statut d’objet. Objet de désir et de fantasme. Accentuant alors l’ambiguïté d’un dialogue, sans mot, entre deux corps ou deux objets.

La barre de pole, cet objet qui porte en lui une dimension narrative, ici dans l’attente d’être «activé», est plongé dans une lumière blafarde d’un strip-club de seconde zone. La symbiose de l’objectification et du soutien mutuel Objet/Artiste, à travers une mise en scène.